Pendant longtemps, les thérapies lourdes impliquées dans la prise en charge de nombreux cancers étaient délivrées exclusivement à l’hôpital. Aujourd’hui, les traitements oraux sont disponibles en pharmacie. Une évolution qui change beaucoup de choses pour la prise en charge des patients. Explications.


LA RÉSERVE HOSPITALIÈRE


Tous les médecins ne sont pas autorisés à prescrire tous les traitements. Il existe actuellement 5 types de médicaments dont la prescription est contrôlée. Certains parce qu’ils nécessitent une surveillance particulière pendant le traitement. D’autres dont la prescription est réservée à certains médecins spécialistes, ou encore à des médecins hospitaliers. Ou bien encore certains dont la prescription initiale doit absolument être hospitalière mais dont les renouvellements pourront ensuite être opérés par un médecin de ville. Enfin, il existe les médicaments réservés à l'usage hospitalier, c'est-à-dire qui doivent être administrés entre les murs d’un hôpital. On parle de la réserve hospitalière qui a notamment longtemps englobé tous les produits impliqués dans la prise en charge des cancers.


UNE ÉVOLUTION FORCÉE


Parmi les traitements autrefois exclusivement délivrés au sein des hôpitaux, de plus en plus sont désormais disponibles dans les pharmacies de ville, on parle de « sortie de la réserve hospitalière ». Cette pratique prend ses racines dans différents phénomènes concomitants. D’abord la volonté politique de désengorger les hôpitaux, et donc de limiter les patients au sein de structures déjà débordées. Ensuite le progrès de l’industrie pharmaceutique, car de nombreuses thérapies contre le cancer sont aujourd’hui des thérapies orales, là où on utilisait énormément de chimiothérapie par voie injectable qui nécessitaient la mise sous perfusion des patients et donc leur hospitalisation. Enfin, la présence en France d’un réseau de délivrance efficace et étendu sur tout le territoire grâce aux pharmacies d’officine.


POUR LE BIEN DES PATIENTS


Alors que l’hôpital n’a plus forcément le temps d’adresser correctement une volumétrie croissante de patients cancéreux, l’évolution de leur prise en charge vers l’officine offre une perspective de soin plus personnalisée et sans doute plus efficace. Car si le pharmacien ne pourra jamais se soustraire au médecin pour le diagnostic de ce type de pathologie et le choix d’une thérapie adaptée, il a en revanche toute sa place dans l’accompagnement du patient traité. Lors de la délivrance il peut ainsi prendre le temps de détailler avec lui les caractéristiques du traitement, les conditions de prise mais aussi de préparer le patient à la gestion d’effets secondaires très fréquents et parfois complexes. Un interlocuteur compétent et disponible qui peut ainsi accompagner le patient dans son quotidien.